Fonctions du Bitcoin

Comme moyen de paiement, Bitcoin a des avantages potentiels, en grande partie dus à sa structure décentralisée. Les paiements sont relativement rapides : une transaction est confirmée en moyenne au bout de dix minutes, encore qu’il est recommandé d’attendre que plusieurs blocs aient été ajoutés à la chaîne avant d’admettre un paiement comme définitif. Le réseau, étant décentralisé, est par nature robuste. Les paiements se font de personne à personne et ne nécessitent pas d’intermédiaires, financiers ou autres, les utilisateurs gardent le choix de passer par une "banque" ou un dépositaire pour gérer leurs portefeuilles électroniques. La chaîne sur laquelle tout repose offre un témoignage inaltérable des transactions passées et peut servir de preuve. Les transactions sont irréversibles, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient, selon les applications.

On a souvent parlé de l’utilisation de Bitcoin par les criminels. C’est indéniable, comme pour l’argent liquide d’ailleurs. Mais Bitcoin présente de sérieux inconvénients pour les criminels, puisque toutes les transactions sont enregistrées. Il est vrai que les adresses des portefeuilles seules apparaissent dans la chaîne et il faut des informations supplémentaires pour les relier à des individus. Mais si la justice dispose de ces informations (par exemple, parce qu’elle a saisi les ordinateurs des criminels), elle peut établir la preuve des transferts ; l’affaire Silk Road aux États-Unis l’a bien démontré.

Cela dit, Bitcoin a beaucoup d’obstacles à surmonter avant de se transformer de moyen de paiement en véritable monnaie. Son utilisation comme moyen de paiement reste marginale et la demande de bitcoin est essentiellement spéculative, les investisseurs faisant un pari sur son succès éventuel et un fort gain en capital en conséquence. Il s’ensuit que sa valeur d’échange contre les monnaies officielles (dollar, euro) fluctue considérablement et les vendeurs qui acceptent le bitcoin ne libellent guère leurs prix en bitcoins. Peu employé comme moyen de paiement limité, risqué comme réserve de valeur, inutilisé comme unité de compte, le bitcoin est loin d’être une monnaie. Il pourrait devenir plus commun s’il devenait moins risqué, mais sa valeur ne se stabilisera que s’il devient plus couramment utilisé.

Rapprochement :
En insistant de façon récurrente sur une rupture d’ordre « digitale » ou « numérique », les différentes analyses portant sur l’innovation Bitcoin introduisent parfois un malaise intellectuel. À forcer ainsi le trait sur l’idée d’un objet qui ne circule pas physiquement, ces commentaires semblent refléter la persistance, encore visible aujourd’hui, d’une conception matérialiste de la monnaie. En effet, dire que le Bitcoin est une monnaie purement numérique laisserait supposer, par effet de contraste, que la monnaie utilisée quotidiennement ne l’est pas. Or, l’informatisation des opérations monétaires, que le système bancaire maîtrise depuis le début des années 1970, permet aujourd’hui le stockage et le transfert massif de monnaie par voie électronique. Autrement dit, presque toute la monnaie est actuellement digitale.