L'enjeu écologique du Bitcoin

Le sujet de l’impact écologique du bitcoin est très vaste et est souvent mal compris voir exagéré. Tentons de le développer dans cet article.

Les médias et le Bitcoin

En 2016, 7 ans après sa création, le Bitcoin a pris un impact conséquent sur les marchés financiers, attirant ainsi la curiosité et la fascination des médias. Comme nous l’avons vu, la production de Bitcoin est très demandeuse en électricité et ces derniers ne sont pas passés à côté, entraînant l’apparition d’articles alarmistes. En 2017, CNN annonce que le Bitcoin pourrait être un désastre pour l’environnement, le magazine Wired prédit qu'en juillet 2019 le réseau Bitcoin nécessitera davantage d’électricité que la totalité de ce que consomment les États-Unis, enfin Newsweek écrit le Bitcoin consommera toute l’énergie mondiale d’ici 2020. Pour citer un média français, Libération ajoute en 2018 que l’énergie nécessaire pour une seule transaction Bitcoin pourrait fournir plus de onze jours d’électricité à un ménage américain.

Le retour à la réalité

Pourtant, nous sommes en 2022 et le Bitcoin n’a toujours pas provoqué une pénurie mondiale d’électricité ou un quelconque désastre écologique. Pour comprendre la mauvaise prédiction des médias, il faut s’intéresser à leur source d’information commune : le Digiconomist, et plus précisément son article Bitcoin Energy Consumption Index censé prédire avec exactitude la consommation énergétique du minage de Bitcoin. Comme nous l’avons vu plus tôt, le minage de Bitcoin est une activité que tout le monde peut faire avec son propre équipement, ce qui rend le calcul de la demande énergétique extrêmement complexe. Les calculs du Digiconomist proviennent tous d’un seul individu, Alex de Vries, qui ne possède aucune qualification technique ou scientifique et avoue lui-même avoir écrit cet article comme un passe-temps. Et pourtant cela n’a pas empêché les médias du monde entier à prendre ces lignes d’articles comme parole d’évangile.

Le logo du Digiconomist

Quelques personnes plus compétentes en la matière se sont alors mobilisées pour refaire avec plus de rigueurs les calculs de la dépense énergétique du Bitcoin et les résultats sont tout de suite moins alarmants. C’est notamment le cas de Marc Bevand, développeur informatique et ancien spécialiste en sécurité informatique chez Google qui révèle ses propres résultats et affirme que les chiffres du Digiconomist sont sortis d’un chapeau et issus d’une erreur de calcul, provenant d’une incompréhension de la part de leur auteur ce que confirmera également Jonathan Koomey, spécialiste du climat et des effets des technologies sur l’environnement en disant que la méthode utilisée par Digiconomist est totalement non fiable et que le Bitcoin représente d’après lui qu’une minuscule fraction de l’ensemble de l’électricité utilisée par les data centers, enfin Elaine Ou, ancienne conférencière à l’Université de Sydney sur l'ingénierie électrique et ingénieur blockchain à Global Financial Access ajoutera que Les inquiétudes relatives à la consommation énergétique de Bitcoin sont largement exagérées.

L'impact réel du Bitcoin

Des estimations plus précises ont été faites depuis, et on se retrouve alors avec des chiffres bien plus raisonnables. Marc Bevand nous donne une fourchette de 14 à 27 TWh/an (TWh : térawatts par heure, correspond à un milliard de kWh NDRL) pour la consommation en électricité du Bitcoin à comparer aux 26 000 TWh d’électricité produite annuellement. Si l’on veut comparer la consommation en électricité du minage de Bitcoin à celle du minage de métaux, deux chercheurs de Cincinnati dans l’Ohio nous donnent une estimation 7 fois moins coûteuse en électricité que l’aluminium et 3,5 fois moins coûteuse que l’or. Pour la comparer à la consommation d’un pays, les mêmes chercheurs nous disent qu’en 2017 le Bitcoin a utilisé autant d’énergie que l’Angola, l’un des pays les moins énergivores classé 102e pays au monde en matière de consommation électrique. Les chercheurs nous révèlent également que de 2016 à 2018 le Bitcoin serait responsable selon les estimations de 0,008% à 0,04% des émissions de CO2 mondiales.

Des répercussions positives ?

Le mythe du Bitcoin qui tournerait essentiellement au charbon est également à déconstruire, selon les analyses de CoinShares — un cabinet d’analyse dédié au domaine — estime en réalité que la consommation en énergie du Bitcoin proviendrait à 75% d’énergie verte issue de l’énergie hydroélectrique ce qui rendrait l’industrie du Bitcoin plus propre que la majorité des autres industries.

Ce seraient des barrages comme celui-ci aux États-Unis qui fourniraient la majorité de l'énergie pour le minage de Bitcoin

Malgré tous ces témoignages et ces voix infirmant le Digiconomist, le mal est fait et le Bitcoin continuera de porter cette image de désastre écologique alors que nous l’avons vu, son impact écologique est en réalité bien plus négligeable que ne le laisse paraître les médias et pourrait même en réalité faciliter la transition énergétique.